Bvlgari-Bvlgari, modèle légendaire de 1975 à 2013

Si reconnaissable à ses inscriptions gravées en pourtour de lunette, la Bvlgari Bvlgari n’est pas devenue icône en un jour. Depuis 1975, et même avant, le modèle traverse les modes et se forge son propre caractère.

Par Joel Grandjean

Rédacteur en Chef

La Bvlgari-Bvlgari, incarne l’une des manifestations les plus tangibles de l’arrivée du branding en horlogerie. Oser graver le nom de sa propre raison sociale et patronyme sur un espace aussi visible que la lunette d’une montre, parvenir à transformer cette inscription en un élément clef de l’esthétique globale du modèle, c’est carrément avant-gardiste dans un secteur où l’usage de logos et de noms est issu d’une longue tradition de modestie.

Car, avant l’arrivée des marques à proprement parler, les horlogers ou les patrons d’entreprises apposaient durant des décennies leurs patronymes uniquement sur les cadrans de leurs montres. Ils y ajoutaient souvent le nom de la ville où se trouvait la fabrique ou l’unité de production.

La première série de la Bvlgari Roma de 1975 de seulement 100 pièces

Circonstances exceptionnelles

La montre imaginée l’année de la première série, en 1975, marque donc un tournant. L’époque s’y prête. L’arrivée du quartz et de la prédominance momentanée dans ce domaine des Japonais est en train de changer la donne. Deux tiers des emplois de l’horlogerie passeront à la trappe. Qu’il est bon dans ce contexte d’avoir des valeurs. Et les valeurs de la maison Bvlgari ne datent pas d’hier. Elles sont celles d’une griffe pétrie de style italien et de raffinements joailliers. Une griffe qui puise fréquemment son inspiration dans les pièces de monnaie de la Rome Antique sur lesquelles l’effigie de l’Empereur se voyait entourée d’inscriptions gravées à la gloire de sa puissance et de son prestige. Une signature qui peut s’appuyer sur des adeptes. D’ailleurs, cette première série de 1975, 100 pièces destinées à des top clients, est un modèle à quartz dont l’affichage digital à cristaux liquides gris tranche avec le raffinement de l’or et d’un bracelet mariant cuir et tressage à effilochage travaillé.

Première Bulgari Bulgari Automatique par Gérald Genta en 1977

Etait-ce une montre en fait, ou simplement une expression bijoutière capable de donner l’heure ainsi que de renseigner sur le niveau social de son possesseur? Quoiqu’il en soit, les demandes de réédition affluent au point que Bvlgari crée dans la foulée le modèle Bvlgari Roma. Affirmation de la Marque et de son ancrage familial historique au cœur de la Ville Eternelle. Là encore, le succès est tel qu’il donnera naissance en 1977 à la ligne Bvlgari Bvlgari, qui depuis fait partie de ces quelques rares et authentiques icônes inscrits dans l’histoire horlogère.

A noter qu’à jouer ainsi avec ses symboles, qu’à miser sur cette affirmation de soi, Bvlgari fait même l’économie, sur les modèles originels, de l’inscription de son nom sur les cadrans. Ce qui, presque quarante ans plus tard se comprend d’autant mieux que la première série ne disposait pas de cadrans – l’affichage à cristaux liquide en occupait le centre.

Dès 1980, le nom de la marque reviendra sur le cadran. C’est l’année où cette future icône croise le savoir-faire joaillier qui se met entièrement à son service au travers d’un tout premier modèle «Serpenti.» Le début d’une avalanche de références qui, en 1982, mêle les ors, l’acier, le bicolore, les bracelets cuirs ou métal, le noir ou le bleu des cadrans…

Bulgari Serpenti 1980

Jusqu’à ce qu’un 6 et un 12 en chiffres arabes parviennent à en bousculer l’immuabilité, les index sont bâtons, dénués de fioritures. De l’épure indicatrice, du dénuement esthétique.

Le parcours d’un mythe

De 1987 à 1989, l’icône s’offre une incartade vers d’autres accessoires: montres chaîne, montres de bureau, ouvre-lettres… Puis, dès 1991, elle s’autorise quelques échappées vers les arts joailliers, multipliant les pavages full ou partiels et privilégiant le diamant. Cinq ans plus tard, elle s’éprend de minéraux semi précieux au point de laisser ses cadrans se tailler dans du lapis-lazuli, de l’agate, de la verdite ou la sodalite… Au point d’oser le dépouillement total: s’il le faut, elle se départit sans regret de ses célèbres index bâtons, voire les remplace par des diamants.

Accessoires Bvlgari Bvlgari (vers 1987)

Déjà depuis les années 1996, l’icône, professant désormais surtout les arts mécaniques, commence à flirter avec l’univers de l’horlogerie compliquée en s’aventurant vers de «petites complications» telles qu’une aiguille des secondes déplacée à 6h, un GMT ou une version squelette. Les années 2000 la voient s’y ancrer carrément avec en 2001, un modèle quantième perpétuel.

Modèles Bvlgari Bvlgari avec cadran minéraux (Lapis lazuli, Agate, Verdite & Sodalite)

Evidemment, la Bvlgari Bvlgari se frotte au chronographe, au Quantième Annuel à guichets de date et à aiguille de jours rétrograde, aux phases de lune puis, en 2004 et en 2005 au tourbillon. Enfin, toujours en 2005, elle tutoie la mère des complications, la Répétition Minute, au gré d’une réalisation très fraîche toute de blanc et de bleu vif mêlés.

Bvlgari Bvlgari Carbongold Capri 2005

Evidemment, la Bvlgari Bvlgari se frotte au chronographe, au Quantième Annuel à guichets de date et à aiguille de jours rétrograde, aux phases de lune puis, en 2004 et en 2005 au tourbillon. Enfin, toujours en 2005, elle tutoie la mère des complications, la Répétition Minute, au gré d’une réalisation très fraîche toute de blanc et de bleu vif mêlés.

Bvlgari Bvlgari Skeleton modèle de 2005