Alexander Meerson

Alexandre Meerson, ces détails qui font la différence

Née sous le signe des arts du détail, cette marque réinvente le classique. A Londres, au salon QP de novembre 2014, elle se découvre un public d’adhérents. Un mois plus tard, Paris l’accueille…

Par Joel Grandjean
Rédacteur en Chef

Juste avant les fêtes, la nouvelle tombait: pour la première fois en France, une adresse mythique de la rue de Sèvres, Le Bon Marché Rive Gauche dans le 6ème arrondissement, exposait en exclusivité les montres Alexandre Meerson. Des pièces qui, si elles sont évidemment scrupuleusement assemblées en Suisse, le sont auprès d’artisans réputés les meilleurs. Des garde-temps mécaniques qui, dès le départ de leur aventure, ont opté pour un calibre manufacture, le AM-4808 produit par Vaucher Manufacture Fleurier. Une référence industrielle qui incarne l’indépendance en matière d’approvisionnement de composants et de savoir-faire, qui symbolise de surcroît la fiabilisation que peut offrir un outil capable de pourvoir entre autres aux besoins de deux enseignes de l’ultra luxe horloger.

Montres Alexandre Meerson Montres Alexandre Meerson

Du projet à sa surprenante matérialisation

C’est d’ailleurs déjà en mars 2014, lors d’un événement organisé à Baselworld par ce fleuron horloger fleurisan, que j’entends pour la première fois le fondateur Alexandre Meerson parler de sa marque éponyme. A l’heure de cette présentation précoce aux quelques médias triés invités ainsi qu’à un cercle d’amis et de confrères cotraitants horlogers, il n’a alors rien d’autre à montrer que sa détermination. Ni prototype, ni dessin, ni fiche technique… Sur scène et face à ce parterre d’insiders, juste une belle histoire de famille, légitime et digne d’intérêt, ponctuée ici et là d’intentions louables et de plans sur la comète. Dubitative, l’assemblée attendait plus, elle attendait de voir… Elle est donc surprise en bien, tant le débarquement de cette marque s’accompagne de cohérence, de justesse et de vision.

Oscillant entre esprit haute couture et nouvel Art Déco, les montres Alexandre Meerson offrent un toucher très sensuel. De leur conception à leur réalisation, rien n’a été laissé au hasard. D’ailleurs, sa signature est ce sens revendiqué voire documenté des arts du détail subtil. Le détail qui impressionne au premier abord, qui séduit sans trop que l’on sache vraiment pourquoi, et qui, à l’usage, conforte, rassure, émerveille.

Alexandre Meerson Altitude Première Small Seconds Alexandre Meerson Altitude Première Small Seconds

Des pièces qui offrent donc plusieurs reliefs de compréhension et d’appréciation. Un peu comme si le premier coup d’œil, intuitif et volontaire, se transformait inexorablement en impossibilité à détourner le regard.

Effeuillage horloger, en sept actes

Faut-il toujours vouloir comprendre? Certes non, toutefois, au nom de cette collection baptisée «Altitude», riche de ses familles «Première» et «Officier», les incarnations d’une évidence classique dont émerge un incompréhensible sentiment de mordernisme, il fallait creuser un peu. Et vérifier qu’elle n’allait rien perdre de son potentiel iconique malgré son ouverture à la personnalisation, par le choix de matériaux et des finitions… Sur ce sujet, heureusement, Alexandre Meerson demeure intarissable.

Alexandre Meerson Première Classic Alexandre Meerson Altitude Première Classic

Détail 1, la silhouette

«Je voulais créer le luxe d’aujourd’hui, respectueux de la tradition horlogère, mais aussi innovant et adapté aux besoins et aux comportements du temps présent. Une recherche continue en fait…» entame le fondateur. Qui s’avoue inspiré par la culture de la haute-couture, un univers qu’il connaît de l’intérieur, ainsi que par l’amour de la création authentique et du beau produit «qui vous va à ravir.» Il se remémore son enfance de fils de bijoutier, obsédé par le confort physique et esthétique.

Une forme de confort qu’il perçoit à fréquenter des créations qui, en plus de leur attractivité visuelle, se devaient également d’être aussi faciles à fixer la première fois qu’à la millième fois.

Le style des années cinquante répond aux inspirations Art-déco de la collection jusque dans les cornes de chaque modèle. Celles-ci adoptent un profil bas qui garantit au porteur une entière liberté de mouvement, quels que soient ses activités et ses environnements. L’arrondi du bracelet suit les contours de l’utilisateur, instaurant une sensation de prolongement naturel du bras. De cette pluralité stylistique naît le contraste entre les lignes nettes et calculées de l’extrémité du bracelet avec la rondeur quasi organique de la lunette.

Alexandre Meerson Altitude Première Date Alexandre Meerson Altitude Première Date

Détail 2, la touche humaine

«Bien qu’il existe des machines capables d’être plus précises, il y a dans l’artisanat main une poursuite de l’excellence qui met à jour le génie de l’être humain, sa quête de l’expertise la plus aboutie» souligne Alexandre Meerson qui préfère les touches humaines à une perfection froide, contre nature. Ainsi, même au-delà de ce qui est visible à travers la glace saphir du fond de la montre, il faut savoir que toutes les pièces qui composent cette construction horlogère font l’objet d’une finition individuelle issue d’une variété de techniques.

Chaque modèle est une louange aux 88 artisans suisses qui l’ont créé. Du bracelet cousu main à la découpe manuelle des index emblématiques du cadran.

Garde-temps Alexandre Meerson Montres Alexandre Meerson

Détail 3, la boucle

«La boucle du bracelet est un hommage au talent pur puisqu’elle représente, de manière stylisée, le chausson d’une ballerine» détaille Alexandre Meerson émerveillé par le fait qu’aucune autre discipline que le ballet n’exprime à ce point, d’une merveilleuse manière, l’aisance apparente qui naît de l’exigence et de l’acharnement dans l’effort ainsi que de la constance dans sa pratique. Sur le plan horloger, il s’agit d’un exploit technique. Générer de l’élégance à partir de la compexité, tel est l’esprit de la marque. Il se matérialise jusque dans l’arc et les angles du chausson de ballerine.

Détail 4, aiguilles assymétriques

D’une part, il y a cette lisibilité facilitée, de l’autre, cette audace qui consiste à oser l’harmonie visuelle en se servant d’une tension esthétique volontaire. «J’ai toujours recherché l’équilibre parfait, sur le plan esthétique, entre la forme et la fonction» explique le créateur. Les aiguilles de la collection Altitude illustre cette aspiration. Ainsi, l’indication des heures et des minutes, sans faire l’économie d’une précision accessible dès le premier coup d’œil, se fait grâce au biseautage particulier des aiguilles. Un usinage des surfaces qui réduit l’effet ambigu de l’assymétrie voulue et qui révèle une particularité identitaire de la collection.

Alexandre Meerson watch caseback Alexandre Meerson Altitude Première Classic

Détail 5, le chiffre ‘12’ des modèles Altitude Première

Cette typographie unique se retrouve dans tous les modèles Première. Utilisant le centre du cadran comme point de perspective, ce «12» particulier se lit aussi comme «1Z.» Il s’agit en effet d’un hommage tacite au grand-père d’Alexandre Meerson, et à son nom.

Détail 6, le guichet date

Il semble qu’un espace superflu ait été offert à cette complexité technique qui permet à une montret bracelet d’indiquer la date. En découle ici une impression de grandeur. «Dans mon travail, je vais chercher mon inspiration au-delà l'horlogerie, vers d’autres formes de conception où l'élégance est dérivée de la simplicité et de la passion», confesse Alexandre Meerson qui avoue finalement que cette ouverture particulière lui a été soufflée par un magnifique escalier Art déco de l’Hôtel de la Paix de Shanghai, en Chine.

Alexandre Meerson Altitude Officier Small Seconds

Alexandre Meerson Altitude Officier Small Seconds

Détail 7, le chiffre ‘7’ des modèles Altitude Officier

Découpés à la main, les index en chiffres arabes qui divisent en heures distinctes le cadran des modèles Officier célèbrent l’intemporatlité de la montre bracelet. Volontairement, le chiffre ‘7’ a conservé sa barre latérale. Ce qui lui confère une touche très française.

«C’est sans équivoque un rappel intime de mon héritage» assume Alexandre Meerson, ce Français établi en Grande-Bretagne, chantre du classique réinventé, fondateur d’une marque de montres dont la teneur en suissitude est largement supérieure à ce que la loi prescrit. Des montres dont les détails identitaires pourraient bien ponctuer le parcours vers leur probable iconisation.

www.meerson.com

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