Regard personnel sur la montre Omega du King
La Maison Phillips a prévu pour mai prochain les enchères d’une Omega assez personnelle, celle de la montre d’Elvis. Entre nostalgie de mon enfance et fan du King que j’ai toujours été, je vous livre le récit de cette montre.
J’ai grandi dans la ville de Kokomo dans l’Indiana. Enfant, j’allais avec mon père chercher la bonne affaire dans les immenses centres commerciaux des Big Lots. Pendant des heures, nous parcourions ses allées interminables à la recherche de bibelots et autres gadgets. La plupart du temps, nous revenions à la maison avec des voitures miniatures et jouets. Une visite dans cet endroit a éveillé mon intérêt pour la musique au point de faire de moi un fan d'Elvis Presley à tout jamais.
À l'intérieur d'une boîte à cassettes plutôt anodine, j'avais trouvé la chanson "From Elvis in Memphis" d'Elvis Presley, un enregistrement de 1969 réalisé juste après ses adieux au cinéma. Comme j'ai grandi avec le rock de mon époque, j’gnorais tout de celui de l’école du King et je n’ai rien pu apprendre de mes parents, puisqu’ils étaient encore ados dans les années 70. Faut dire que pour eux, c’était plutôt Alice Cooper et Aerosmith qui survolaient les charts.
Arrivé à la caisse, j’ai payé la bande avec mes cinq dollars pour rejoindre la Dodge familiale. En route pour la maison, j'ai déballé le paquet pour découvrir la chanson: "Wearing That Loved on Look", le garçon innocent du Midwest que j’étais, pouvait difficilement en comprendre le sens. Au fur et à mesure que j’écoutais l'album, je découvrais de vraies perles: "In the ghetto", "Suspicious Minds" et "Kentucky Rain". Des morceaux incroyables.
Au cours des mois qui ont suivi, j'ai écouté cette cassette en boucle, jusqu'à ce que mon arrière-grand-mère très portée sur la religion, la trouve et la jette à la poubelle. Plus tard, j'ai acheté tous les disques d'Elvis, j'ai visité Graceland et j'ai même porté un collier TCB (Taking Care of Business).
Plus de ce monde, mais toujours dans nos discussions
Les hanches tournoyantes et les chansons un brin osées d’Elvis sont aujourd’hui acceptées par les canons de notre société. Dans les années 1950, ses déhanchements à connotation sexuelle froissaient sérieusement les parents d’ados. Son palmares est à ce jour encore éloquent, le King of Rock and Roll a à son actif 10 albums et 38 singles numéro1. Pour cette année seulement, il a été certifié platine 136 millions de fois. De quoi le placer au troisième rang de tous les temps. Autant le dire, le King est encore présent dans nos conversations.
LA montre
En 1961, après son service militaire, Elvis Presley s’investit dans sa carrière d’acteur. Bilan: une vingtaine de films qui, malgré les critiques des médias, ont tous connu un succès commercial. Et même si le King n’a sorti aucun disque et effectué aucune tournée en 1961, cela ne l’a pas empêché de vendre ses vinyles comme des petits pains. Pour célébrer la vente de 75 millions de disques du King, RCA Records avait offert à Elvis cette montre-bracelet Omega signée Tiffany & Co.
Une note spéciale est gravée sur le dos de la montre «Pour Elvis, 75 millions de disques, RCA Victor, 12-25-60.
Consignée chez Phillips par le neveu de Presley, cette montre-bracelet Omega en or blanc de 18 carats de 33 mm saura séduire les acheteurs et les inconditionnels d'Elvis. La lunette sertie de diamants comporte 44 diamants ronds brillants qui font de ce mythique garde-temps un modèle pour les Kings. La montre est alimentée par le mouvement calibre 510 à remontage manuel estampillé "OXG". En fait, c’est sous cet acronyme qu’Omega exportait ses produits aux États-Unis.
Tout porte à penser que la montre a été offerte à Elvis le 25 février 1961 lors d'un concert de charité. C'est ce jour-là que Buford Elington, gouverneur du Tennessee, a décrété le "Elvis Presley Day" jour férié. RCA Records a ensuite remis à Presley une plaque commémorative pour sa vente de 75 millions de disques dans le monde. Avec la plaque en question, il y avait cette montre-bracelet Omega, probablement nichée dans un écrin de la marque. La boîte d'origine a disparu depuis longtemps, la plaque est accrochée aux murs de Graceland à Memphis et la montre est à l’encan chez Phillips.
Pouvoir toucher cette monture et la porter à mon poignet aura été l’un de points forts de ma visite au salon horloger Watches & Wonders de Miami. Paul Boutros de la maison Phillips m’a présenté la montre avec une certaine émotion, pendant que je tentais de contenir mon excitation. Celle de mon enfance et du King for ever. Paul Boutros a eu la gentillesse de me laisser attacher la montre à mon poignet afin de me mettre un bref instant dans la peau du king of Rock and Roll. Quelle sacrée occasion !
Comme ultime preuve de la propriété du King, Phillips a fourni une photo d'Elvis portant sa montre lors d'un concert. Photo que l’on retrouve dans la biographie de Dave Marsh sur le King. La montre est également accompagnée d'un certificat d'authenticité signé par Jimmy Velvet, fondateur et PDG du musée Elvis Presley.
Phillips mettra aux enchères la montre-bracelet Omega signée Elvis Presley lors de la Geneva Watch Auction: SEVEN du 12 au 13 mai. Les encans se tiendront à l'Hôtel La Réserve à une poignée de minutes du centre-ville de Genève. Selon les premières estimations, ce garde-temps inestimable devrait atteindre un montant évalué entre 50’000 et 100’000.- CHF.