A.Lange & Söhne ; Zeitwerk Date : maîtriser sa force au jour le jour
Dans un monde où la connectivité envahit tout, s’inscrire dans la modernité tout en restant traditionnel tient presque du miracle. La manufacture A. Lange & Söhne fait la démonstration qu’il est possible de trouver le juste équilibre avec la montre Zeitwerk Date.
Il y a dix ans déjà, la manufacture saxonne appréciée, du public pour avoir dépoussiéré les codes de la haute horlogerie en revisitant les finitions des calibres mécaniques, présentait une nouvelle montre baptisée Zeitwerk dont l’affichage horaire numérique permettait de lire l’heure au cadran de la montre d’une façon similaire à celle affichée dans le célèbre Semper Oper de Dresde.
L’allure saisissante et le concept innovant sous-jacent de cette véritable machine à mesurer le temps, ont été récompensés à plusieurs reprises par la profession, consciente de l’importance de la démarche et de l’exceptionnelle qualité de son calibre mécanique à remontage manuel de manufacture. Celui-ci est capable de générer une force suffisante pour faire se mouvoir les trois disques simultanément au passage de l’heure juste, sans que cette action n’ait d’incidence sur la précision de marche de la pièce.
Force et constance pour devise
On sait la manufacture allemande avoir une passion pour la précision. Celle-ci s’est même fait une spécialité de la mise en œuvre de différents mécanismes dits à « force constante ». Si le plus connu de tous est sans conteste celui à « chaîne-fusée » que l’on retrouve dans les montres « Pour le Mérite », la manufacture implantée à Glashütte dans les monts métallifères en Saxe a su également développer d’autres constructions originales. On pense à celle élaborée pour la Lange 31 (un mois de réserve de marche), mais il y en a d’autres comme celle employée pour la Zeitwerk.
Dans le cas présent, le nouveau calibre L043.8 a remontage manuel emporte un échappement constant breveté faisant usage d’un ressort formé en spirale intermédiaire (mais pas sur la roue d’échappement comme parfois) dont la structure a pour but de remplir deux fonctions. En tant que ressort auxiliaire réarmé toute les minutes par celui principal, il a pour mission d’alimenter le balancier avec une force calibrée toujours identique pour toute la période d’autonomie de la montre.
De cette façon, les oscillations du balancier ne sont pas modifiées par le couple du ressort primaire, qu’il soit trop tendu en début de fonctionnement ou trop détendu en fin de course. Mais la force arrivant au balancier via l’ancre n’est pas non plus perturbée par la mise en œuvre des sauts des trois disques servant à afficher l’heure.
Prendre date avec l’innovation
On aurait pu croire que l’intégration d’un affichage de date dans ce nouveau calibre allait se faire sans difficulté. C’était oublier que cette dernière, qui n’a rien de conventionnelle en raison de la structure même du mouvement, est associée à l’affichage horaire et que pour l’ajuster, il faut faire défiler l’heure jusqu’à atteindre minuit afin de la faire sauter instantanément au bon moment.
Seulement, ce réglage nécessite que le propriétaire agisse sur la couronne avec délicatesse pour faire défiler les minutes en faisant sauter de nombreuses fois les deux disques permettant de les faire s’afficher. Pour éviter de voir s’énerver le propriétaire de cette magnifique pièce de 44,2 mm de diamètre proposée en or blanc, les horlogers ont installés deux poussoirs dans le flanc de carrure de la montre à porter sur bracelet alligator. Tous deux possèdent comme particularité de délivrer l’impulsion de commutation, non pas en les pressant, mais au moment où ils sont relâchés. Cela évite de voir une force trop importante exercée dessus, entraîner des accidents.
Ainsi, le premier, placé à 8 heures, sert au réglage rapide de la date qui, présentée en pourtour du cadran sur un anneau en verre gradué de 1 à 31, est matérialisée par un second anneau marqué d’un petit segment coloré en rouge et tournant en dessous. Le second sert, quant à lui, à faire sauter les heures de façon à effectuer un réglage rapide de l’heure sans avoir à agir sur la couronne de remontoir (en faisant défiler les minutes numériques) et ainsi de permettre à la date de sauter à minuit en un réglage demandant le minimum de manipulations.
Mais comme chaque détail compte chez A. Lange & Söhne, les horlogers très attachés à la précision de leurs créations ont mis au point un système offrant de déconnecter le disque des heures du mécanisme à chiffres sautants, à chaque fois que le poussoir est enclenché, afin que ces manipulations n’aient aucune incidence sur la bonne marche du calibre mécanique à remontage manuel de nouvelle génération offrant 70 heures de réserve de marche.