Le cerveau légendaire derrière la Casio G-SHOCK
Kikuo Ibe revient sur les débuts de la G-Shock et sur ses 35 années de robustesse. La suite ? Même design mais en constante évolution. Interview.
Nous nous asseyons avec M. Kikuo Ibe, le cerveau à l’origine de la Casio G-Shock.
Hyla Bauer : Comment la G-Shock a-t-elle vu le jour ? Quelle a été votre inspiration pour concevoir cette montre ?
Kikuo Ibe : Quand j'ai commencé chez Casio, je portais une montre, mais ce n'était pas une Casio. Ce garde-temps était un cadeau spécial de mon père. Et un jour, j'ai fait tomber la montre par terre, et elle a été entièrement détruite. Ce qui explique pourquoi j’avais pris la décision de concevoir une montre incassable. Je voulais réaliser la montre la plus robuste au monde. Je voulais mettre en pratique ce concept que j'avais imaginé peu auparavant.
HB : La montre de votre père était-elle un modèle classique ?
KI : C'était une montre analogique des plus classiques avec un boîtier rond.
HB : Dans les montres G-SHOCK, avez-vous des modèles que vous préférez ?
KI : En fait, je n'ai que trois montres.
HB : Seulement trois ?
KI : Oui. J'adore le design original de la G-SHOCK. Dans toute la gamme Casio, c'est l'amortisseur G d'origine qui me plaît le plus. Personnellement, je n'ai que trois garde-temps. J'ai un noir et un rouge et un blanc [déclinaisons du design original]. Je porte le rouge en hiver, le blanc en été et le noir au printemps et à l'automne. Donc aujourd’hui, c’est le noir. A l'exception du changement des piles, elles fonctionnent parfaitement depuis leur acquisition.
HB : C'est incroyable. Pouvez-vous nous dire quelques mots sur les sept éléments de la G-Shock ?
KI : Ces sept éléments représentaient les normes au moment ou je développais la G-shock. Mais aujourd’hui. nous avons des métaux, et bien entendu d'autres colorations à notre disposition, pas seulement le noir, qui a conduit au blanc et au jaune. Nous avons développé les variations de couleur et de métal.
HB : Avez-vous des histoires intéressantes à nous confier sur vos collectionneurs ? Je suis sûr qu'il y en a beaucoup !
KI : Je connais deux collectionneurs très impressionnants. L'un est un collectionneur qui possède le plus de G-Shock au monde. Imaginez combien de pièces il dispose ?
HB : 2000 ?
KI : Bingo ! Ce collectionneur est japonais. Il est patron d'une entreprise de construction et donc il a beaucoup d'argent (rires).
Il a dans sa maison une pièce uniquement pour exposer ses montres G-Shock. Juste pour les admirer. Je ne sais pas s'il dispose de toutes les pièces originales, mais il en a 2000.
KI : Le deuxième collectionneur est le plus jeune collectionneur de G-shock au monde. Quel âge pensez-vous qu'il a ?
HB : Je ne sais pas, cinq ans ?
KI : Non, il n'a que deux ans ! Je l'ai rencontré lorsqu'il est venu au jubilé de nos 35 ans aux Philippines. Une dame est venue me voir avec un garçon de deux ans et m'a dit :"Mon fils est un grand collectionneur de G-Shock”. Deux ans, un bébé ? Comment est-ce possible, je me suis dit ? La mère dit qu'il adore utiliser la G-Shock comme sucette. Il l'a toujours dans sa bouche. Et elle m'a dit :"Je suis d'accord sur ce point, parce que la G-Shock est très, très solide au niveau matériel, et aussi très résistante, même s'il la mord constamment". Il a toujours sa G-SHOCK avec lui, dit-elle.
HB : Y a-t-il eu des situations extrêmes dans lesquelles la montre se trouvait et qui vous sont restées à l'esprit ?
KI : Un rapport est arrivé à notre siège de Tokyo. Un type a eu un très grave accident en mer. Finalement, il a été secouru, puis il a discuté avec les secouristes. Cette personne se souvenait clairement de ce qui s'était passé, y compris l'heure du drame. Par exemple, à 5 heures du matin, il s'est passé quelque chose, puis une heure plus tard également. Dans cette situation très dangereuse, la G-shock fonctionnait encore, ce survivant a trouvé que la G-shock était très fiable dans les situations extrêmes. Ce garde-temps peut fonctionner correctement partout, y compris dans l'eau et dans la glace. C’est cette batterie de tests et bien d'autres que chaque nouveau modèle de G-shock doit passer avec succès. Attendez, J’ai encore une autre histoire.
Un docker américain en plein déchargement sur le quai voit soudainement un conteneur se détacher pour tomber sur lui. Plus de peur de mal, comme il portait une G-shock, le conteneur a heurté sa main, et le choc électrique de sa montre a protégé son poignet ! La G-SHOCK de cet Américain fonctionne toujours à merveille et son poignet est guéri. Absolument parfait comme épilogue. Son frère nous a envoyé une lettre nous disant que grâce à sa montre, le choc avec le conteneur avait été amoindri, et que la G-SHOCK avait bien protégé son poignet.
HB : Comment avez-vous pu poursuivre l'innovation de ce garde-temps et proposer de nouvelles idées et de nouvelles fonctionnalités ?
KI : Nous avons une équipe pour développer de nouvelles formes et designs, un groupe pour étudier le matériau et une équipe pour réfléchir à la fonction. Ces équipes se réunissent pour discuter des nouvelles fonctions, des nouveaux designs qui seront produits. Ces équipes travaillent en parfaite synergie. En ce qui concerne les avis extérieurs, nous avons des experts que nous consultons. Les pilotes, par exemple. L'équipe s'entretiendra réellement avec un ou plusieurs pilotes avant d’élaborer de nouvelles fonctionnalités. Si nous introduisons une montre de plongée, nous solliciterons des plongeurs professionnels. Nous demandons toujours l'avis de professionnels.
HB : Quels sont pour vous les temps forts de ce 35e anniversaire ? Que cherchez-vous à mettre en exergue, quelles sont les particularités de cette année ?
KI : Pour ce 35e anniversaire, je voudrais surtout revenir aux sources. Retour à l'original, mais toujours en évolution aussi bien sur le plan des matériaux que sur le plan technique. Même si elle ressemble au design d’origine, la G-SHOCK est toujours en évolution.