Retour sur l’avènement de la Casio G-Shock
Cette année, Casio célèbre le 35e anniversaire de cette collection classique. Le moment idéal pour revenir sur cette saga à succès.
Pour beaucoup d'entre nous, la Casio G-Shock a été notre toute première drogue pour assouvir notre dépendance à la collection de montres. Ma première pièce était une fantastique Baby-G en plastique – une version plus modeste de la florissante OG (Original G-Shock). En vert translucide avec des barres de taureau, j’ai continué à la porter malgré la boucle cassée du bracelet, quitte à la remplacer par un élastique à cheveux. Pourtant malgré son état déplorable, elle m’a été volée. Ce qui en dit long sur sa côte de popularité. En fait, sur mes trois montres perdues de manière douteuse, deux étaient des G-Shocks.
Tous les collectionneurs pointus de montres disposent un de ces modèles dans leur collection, mais certains ont jeté leur dévolu uniquement sur les G-Shocks. Et c’est une véritable gageure, car la marque sort plus d'une centaine de nouveaux modèles par an. Dans les faits, l'entreprise vient de livrer sa 100 millionième G-Shock en août. Il s'agit du modèle MRG-G1000B-1A4 noir et rouge, inspiré de l'armure du samouraï, de la gamme de luxe MR-G.
Ce qui m’attire le plus dans la G-Shock, c'est son caractère innovant. Montre connectée parue deux ans avant l'Apple Watch, ses innovations sont fantastiques. Des fonctionnalités telles que la radiocommande, le chronométrage atomique et des capteurs qui calculent la direction, la pression barométrique / altitude et la température en font de précieuses montres-outils. Et Casio continue à parier sur l’avenir avec la G-Shock en misant sur de nouveaux matériaux et des technologies connectées plus pointues.
Défier la gravité
Les prémices de la création du G-Shock débutent en 1981. A cette époque, Kikuo Ibe, directeur artistique de la marque, voulait fabriquer une montre solide qui ne se casserait pas même en cas de chute. L’origine du nom G-SHOCK lui revient donc avec son souci de créer une montre résistante au choc causé par la gravité. Ibe et son équipe de trois ingénieurs disposaient de trois critères pour sa fabrication. Réunis sous le nom de triple dix: la pièce devait survivre à une chute de 10 mètres, à 10 atmosphères de pression d'eau et disposer d’une batterie d’une durée de vie de dix ans.
Deux ans auront été nécessaires pour tester 200 prototypes avant que la «Team Tough» ne propose une structure de boîtier de montre creuse qui supportait le module central - un mécanisme à quartz flottant dans un berceau en mousse d'uréthane.
Ce qui a donné la première G-Shock, le DW-5000C.
Allure sauvage
Difficile à croire mais les débuts de la G-Shock furent laborieux. Le boitier trapu et carré était pratique, mais guère joli. En 1984, un spot publicitaire diffusé aux Etats-Unis montre un hockeyeur qui attrape un puck en plein vol, tout en arborant à son poignet la prochaine version de la G-Shock (la DW-5200C). Résultat : la montre est rapidement devenue populaire chez les amateurs de plein air, pompiers et policiers.
Plus important encore, le décollage de ce garde-temps est redevable aux skateurs de la côte Ouest des États-Unis et des influenceurs du hip-hop de la côte Est. En 1990, le lancement de la DW-5900C, avec son écran à cristaux liquides innovant Tri-graph, fait un tabac auprès de la jeunesse. Paradoxalement, c’est bien le triomphe de la G-Shock aux États-Unis qui a favorisé sa percée au Japon, sa patrie. A l’époque, les petits japonais raffolaient de la culture de la jeunesse américaine et recherchaient partout ces G-Shocks, au point de les ramener d’Occident.
La G-Shock a fait de ces montres numériques un objet de désir fondamental (même si dès 1989, des versions analogiques étaient également disponibles sur le marché). Grâce à des partenariats avec des artistes et créateurs de streetwear à l’instar de Takashi Murakami, la Maison Martin Margeila, Stussy, Bathing Ape et autres, ces Casios en série limitée sont devenues encore plus cools.
Spécifications techniques
Ce qui a prémuni la G-Shock de devenir un simple feu de paille des années 90 comme Hanson et autres pompes à fric, c'est que la marque se réinventait en permanence. En 1997, après une baisse de ses ventes, l'entreprise s’éloigne de la mode pour recentrer ses efforts sur ses fondamentaux : résistance aux chocs, performances optimales et nouvelles technologies.
Les nouveaux modèles ont commencé à proposer de nouvelles fonctions et performances. La GW-300 (2002), par exemple, était équipée de technologies radiocommandées et solaires. La GW-9200 (2008) pouvait recevoir des signaux radio d'étalonnage stables du temps de six stations du monde entier.
Le look de la G-Shock a également évolué au cours des années 1990. Le premier modèle de plongée Frogman, résistant à 200 mètres de profondeur, a été introduit en 1993. La gamme MRG, plus haut de gamme, a fait ses débuts en 1996. Les années 2000 ont vu le lancement de mouvements performants, de montres radiocommandées à énergie solaire. Enfin pour couronner le trentième anniversaire de la G-Shock en 2012, l’avènement du système Smart Access a facilité le bon fonctionnement d'une pléthore de fonctionnalités.
Chocs futurs
Bien sûr, le temps ne s'arrête jamais. En 2014, la GPW-1000 offrait un système d'acquisition de temps hybride afin de recevoir des signaux d'étalonnage du temps provenant à la fois de satellites GPS et de six émetteurs radio dans le monde entier. Plus récemment, en mai 2017, Casio a lancé la GPW-2000 Gravitymaster, équipé du module Connected Engine 3-Way, pour recevoir à la fois les signaux d'étalonnage des ondes radio et GPS, tout en se connectant aux serveurs de temps couplés à un smartphone.
A coup sûr, la combinaison de nouvelles technologies et de modèles en édition limitée titille le collectionneur le plus avisé. La série de montres de plongée Frogman, avec ses boîtiers asymétriques et ses modules Tough Solar, est probablement très prisée. Disponibles dans de nombreuses options colorées, ses fans leur ont donné des surnoms hip comme The Brazilian, Snake Killer/Poison Frog, Men in Yellow, Black Helios et Black Spots.
La Frogman a été la première G-Shock en titane. Expérimenter des matériaux fait partie de la stratégie de la marque, celle de dépasser le style de la rue pour la positionner dans le segment du luxe. Le tout en utilisant des ingrédients haut de gamme et artistiques.
Produite en série, la "Hammer Tone" MRGG1000HT est la G-Shock la plus chère, (une G-Shock classique en or 18 carats fabriqué par Mr. Ibe lui-même existe, mais c'est une autre histoire). Les liens centraux sur la lunette et sur le bracelet sont décorés grâce une technique de martelage connue sous le nom de Tsu-i-ki dotés d’une finition Kasumi. A l'aide de marteaux, tous fabriqués à la main par Bihou Asano, artisan de Kyoto, cette méthode traditionnelle crée des reliefs uniques. Six mois sont nécessaires pour achever l’ouvrage sur chacune des 500 pièces en édition limitée.